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derrière les vieux murs en ruines

couvert de fleurs, les cactus rigides et bleus et le bel horizon de montagnes mollement déployées, que ces frustes pierres éparses dans la verdure ne sont point les accidents d’un terrain rocailleux… Mais lorsque je passe, elles me saluent et rient et elles m’interrogent sur les noces de Rhadia où je fus l’autre semaine.

Ô croyants ! Vous avez raison. Il faut vivre sereinement, sans autre souci que les douces frivolités de l’existence. Il faut vivre sans réfléchir, sans prévoir. Il faut vivre d’une vie simple, paisible, familière — et se distraire et chanter, et jouir des bonnes choses — en regardant le ciel très bleu, en écoutant les oiseaux — avec insouciance, avec ivresse.

Le monde est un cimetière délicieux.


13 avril.

— La mariée pleure ! la mariée pleure !

Vierge pudique et bien gardée, dont aucun homme ne connaît le visage, ô petite gazelle farouche tremblant à l’approche du chasseur, combien tes larmes réjouiront l’époux !… Puisse Allah, qui les compte, te les rendre en félicités ! Puissent tes filles, au jour de leurs noces, verser autant de