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derrière les vieux murs en ruines

Le plat est nettoyé quand Kaddour revient, d’un tout autre côté ; il parle beaucoup, il nous donne mille détails sur les particularités de sa promenade. Malgré tout, je ne me sens pas convaincue… Et puis, cela paraît presque naturel, s’ils se sont aimés par un tel jour de printemps.

Saïda est jeune, vigoureuse et saine, libre aussi puisque ses deux maris la répudièrent. C’est une bonne et simple brute, toute d’instinct. Kaddour doit plaire aux femmes par sa violence, son impérieuse volonté… il ne s’embarrasse point de scrupules.

Maintenant ils cheminent avec notre petite caravane, apaisés, indifférents. Las surtout, comme les fillettes, Hadj Messaoud, la cheikha et le gosse au burnous émeraude, soudain épuisés après la grande excitation de l’arsa.

Les remparts se détachent sur un ciel rouge, et nous franchissons Bab Berdaine dans le tumulte des troupeaux, qui regagnent leurs étables à l’heure du moghreb.


31 mars.

Kaddour passe du rire à la fureur sans s’arrêter jamais aux états intermédiaires.

Hors de lui ce matin, il vocifère dans la cui-