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derrière les vieux murs en ruines

nos gens. Des nattes, des couvertures berbères et tous les accessoires sortis des couffas. Hadj Messaoud s’ingénie à allumer un feu, qu’il souffle au bout d’un long roseau ; les nègres s’agitent, apportent du bois mort. Kenza, Yasmine, Saïda, ont rejeté leurs haïks et folâtrent dans la verdure ; Fathma essaye sa voix.

Le déjeuner est un festin : des poulets aux citrons, des pigeons tendres et gras, des saucisses de mouton percées d’une brochette en fer forgé, un couscous impressionnant, dont tous nos appétits ne pourront venir à bout.

Les plats passent de nous à nos voisins, et c’est amusant de les voir manger, engouffrer avec un tel entrain !… leurs dents brillent comme celles des carnassiers, leurs mains huileuses, dégouttantes de sauces, ont des gestes crochus pour dépecer les volailles. Il n’en reste bientôt plus que les carcasses. Pourtant la montagne de couscous, quoique fort ébréchée, a raison de tous les assauts.

Ensuite chacun s’étend avec satisfaction et rend grâce à Dieu très bruyamment.

Kaddour prépare le thé.

Rien ne fut oublié, ni le plateau, ni les verres, ni même les mrechs niellés pour nous asperger d’eau de rose.

Il fait chaud, les grenadiers ménagent leur ombre, des moucherons voltigent dans le soleil, les cigales grincent très haut… Tout vibre ! l’air