Page:Lens - Derrière les vieux murs en ruines, roman marocain, 1922.djvu/310

Cette page a été validée par deux contributeurs.
305
derrière les vieux murs en ruines

Celui à qui nul n’échappe, que nul ne peut atteindre et ne peut égaler !
Éclairez mon esprit. Je vous le demande et vous l’ordonne !
Sinon vous serez contraints au moyen des flammes et de l’ébullition,
Dont aucun pouvoir ne vous protégera !

« N’as-tu jamais entendu parler du Jour qui enveloppera tout ?
Du jour où les visages seront baissés,
Travaillant et accablés de fatigue,
Brûlés au feu ardent[1] ? »

Quiconque ne répond point à mon appel,
Dieu lui fera subir le châtiment
Par la vertu du grand nom, invoqué, craint et révéré.
Qu’il assure l’accomplissement de mes desseins !

La voix peu à peu s’est enflée, elle n’implore plus, elle commande, impérieuse, et menace.

Les draperies rouges frissonnent. Entre la vieille et les génies accourus, un combat s’engage dont nous ne distinguons que les soubresauts et les cris.

Rauques aboiements, clameurs de souffrance, d’épouvante et de mort… Une louve hurle dans la nuit… Ce vagissement misérable qui répond est le dernier râle de sa victime…

… Quand la sorcière écarta ses voiles, elle avait un visage congestionné, hagard et tout à fait terrifiant.

L’incantation semblait l’avoir épuisée, — on ne converse point en vain avec les démons. —

  1. Coran. Sourate du « Jour qui enveloppe »