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derrière les vieux murs en ruines

Parce qu’un tuteur fut déshonnête, nous vivrons au milieu des splendeurs que le vizir Hafidh conçut pour la joie de ses yeux, et celle de ses descendants… Étendus sur des sofas, nous déchiffrerons les inscriptions désabusées qui se déroulent parmi les dentelles en stuc.

Dieu seul est grand !
Lui seul persiste !
La seule paix durable.
C’est à Lui que nous retournerons.

Les plafonds de cèdre, ciselés, peints et dorés, les lourdes portes, les mosaïques aux miroitantes étoiles, les vitraux enchâssés en des alvéoles de stuc, dispensant un jour plus mystérieux, les salles immenses et les boudoirs de sultanes, précieux, étincelants et secrets, rivalisent de somptuosité avec le palais voisin. Et l’on dit que le menzeh, d’où l’on embrasse un si prestigieux panorama depuis les chaînes du Zerhoun jusqu’aux cimes lointaines de l’Atlas, ne fut élevé, par le vizir, que pour masquer la vue à la maison du Chérif, qu’il jalousait.

Une lutte sournoise divisa ces deux hommes, d’orgueil égal, qui n’osèrent s’attaquer de face ; chacun prétendant surpasser l’autre en magnificence.

Outre l’intérêt qu’il nous porte, Mouley Hassan, dont les démarches parvinrent à nous obtenir cette demeure, n’est pas sans jouir de la pensée que