« J’en jure par le soleil et sa clarté !
Par la lune quand elle le suit de près.
Par le jour quand il le laisse apparaître dans tout son éclat,
Par le ciel et celui qui l’a bâti,
Par la terre et celui qui l’a étendue comme un tapis,
Par l’âme et celui qui l’a formée[1] ! »
J’en jure par cette invocation sublime et toujours exaucée.
Ô Mouley Idriss ! Il n’y a de Dieu que Dieu !
Ô Mouley Abd el Kader qui voles à travers l’espace !
Ô Mouley Thami, maître des lieux brûlants !
Écoute-moi, ô sultan rouge ! qui commandes les génies effrayants !
Ô Sidi Moussa, gardien des eaux !
Ô Sidi Mimoun er Rahmani, le Soudanais !
Ô Moulay Ibrahim, oiseau de la montagne !
Ô Sidi Said Derkaoui !
Ô Sidi Ahmed Derwich !
Ô les maîtres noirs de la forêt !
Ô les pèlerins, seigneurs des djinns !
Ô Lella Myrra, l’inspirée !
Ô Lella Aïcha la négresse !
Ô Lella Rkia, fille du rouge !
Ô Bousou, le marin !
Ô Sidi Larbi, le boucher !
Ô le serpent des pèlerins !
Ô toi qu’on ne peut nommer, souverain de l’épouvante[2].
Accourez avec les nuées et le vent, avec les éclairs et le tonnerre !
Ô vous qui avez la connaissance des choses secrètes !
Que je voie, de vos yeux, que votre langue parle en ma bouche !
Je vous conjure et vous adjure d’écarter tous les voiles,
De me pénétrer de la science que le Seigneur mit en vous.
Je vous conjure et vous adjure par Lui, Seul, Unique,
Hors duquel il n’y a pas d’autre Dieu !
L’Éternel, le Vainqueur, le Puissant,
Roi de tous les temps et de tous les mondes,
Celui qui mettra debout les os rongés par les siècles.