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derrière les vieux murs en ruines

L’imploration consacrée me lie… et puis, ne serait-ce point, que déjà l’aventure tente ma curiosité.

— Sur ma tête et sur mes yeux, ô délicieuse ! répondis-je à la Chérifa.


12 mars.

Une nuit bleue, limpide et tendre, une nuit où le sommeil devrait nous entraîner comme une barque glissant légèrement sur l’eau calme… Les patios éclairés, qui semaient la cité de reflets orange, redescendent peu à peu au fond de l’ombre.

— Allons ! me dit Kaddour, il est temps… Les braves gens sont tous rentrés…

Pour l’amour de Lella Meryem, je revêts encore une fois l’accablant haïk, et nous partons à travers les ruelles, si désertes et noires que je puis tenir mes voiles écartés, quitte à les ramener bien vite sur mon visage lorsque la petite lueur d’une lanterne dénonce, au loin, un passant attardé.

Après avoir franchi la porte de quartier, massive et grinçante, qu’un gardien ouvre devant nous et referme aussitôt, nous entrons dans Berrima.

Kaddour a préparé ma venue ; la sorcière nous attend. Elle croit que, sous ces voiles de laine rude, se cache une tremblante Cherifa, échappée