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derrière les vieux murs en ruines

ments, explique Lella Meryem. Frappe l’esclave, ce pécheur, ton bras sera usé bien avant sa malice…

Nous disons encore de petites choses, sans intérêt, et je me lève pour partir. Alors, Lella Meryem me retient, et, son délicieux visage soudain bouleversé, — vraiment elle est jaune de teint ! la petite Cherifa m’interroge :

— Tu le sais ? Les gens te l’ont raconté ?

— Quoi donc ?

— Que Mouley Abdallah reçut de son père une esclave blanche.

Ses lèvres frémissent, son regard se noie, elle pleure…

— Que t’importe ?… Une esclave et c’est tout… Ton époux en a bien d’autres…

— Oui, mais ce sont des négresses. Celle-là est blanche.

— Elle l’est sans doute moins que toi.

— Tu vas voir, dit Lella Meryem, après avoir séché ses larmes. Qu’Aoud el Ouard apporte des parfums, commande-t-elle au négrillon.

Aoud el Ouard ! tige de rose, le joli nom ! bien fait pour cette adolescente au visage enchanteur, aux seins fermes et glorieux, aux yeux de nuit, aux hanches souveraines.

Elle entre, et, malgré qu’elle soit une esclave, elle a toute l’assurance et l’allure d’une maîtresse des choses.