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derrière les vieux murs en ruines

Son libertinage a dû trouver fort plaisant de donner au mari trop fidèle une esclave aussi belle et blanche que l’épouse légitime.

J’ai négligé ma charmante amie depuis quelque temps. Ainsi, j’ignorais le malheur écrit sur son destin.

Les petites filles disent qu’elle se dessèche et jaunit… Mais que peut craindre Lella Meryem d’une autre femme, elle qui réunit toutes les séductions et les grâces ?… D’ailleurs elle n’a pas d’amour, ou si peu.

Je la trouve, en effet, riante et parée selon sa coutume. Le carmin de ses joues m’empêche de vérifier les allégations de Rabha quant à son teint. Son corps svelte est plus pliant qu’une branche de saule, mince et pendante. Ses yeux, ô ses yeux ensorceleurs, où l’on croit saisir les reflets du ciel !…

Elle se plaint de ma longue absence, m’offre le thé, rit, bavarde, caquetage vide et charmant de petit oiseau qui ne pense à rien qu’à chanter.

La sombre maison garde son habituelle et somptueuse mélancolie. Une esclave pile du cumin dans un mortier en cuivre, la cadence des coups accompagne notre insignifiant entretien. Des femmes sont assemblées, près de la fontaine, mais je n’y découvre pas d’inconnue. Le négrillon Miloud renifle et pleure derrière une colonne.

Il vole tout ce qu’il trouve, malgré les châti-