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derrière les vieux murs en ruines

— L’autre se dessèche et jaunit de teint.

— De qui parlez-vous, petites filles ? demandai-je.

— De Lella Meryem… Ô ma mère, l’ignores-tu ? Cette gazelle a une rivale dans sa demeure ! Mouley Hassan vient d’offrir à son fils une belle esclave blanche, et Mouley Abdallah est entré, chaque nuit, dans sa chambre…

— Chose surprenante, en vérité ! Qui te l’a rapportée ?

— Une négresse de Lella Oum Keltoum. Toute la ville à présent le sait… Les esclaves de Lella Meryem le racontèrent à des voisines.

— Mabrouka, passant près de chez Mouley Abdallah, questionna des gens… Dada Fatouma, qui allait faire une commission à Lella Meryem, aperçut la nouvelle esclave.

— Elle a coûté trois cents réaux. L’intendant de Mouley Hassan fut à Fès, l’acheter.

— Elle ne passa point dans la maison du Chérif, c’est pour cela qu’elle était vierge… affirme Rabha.

Malgré les détours que prit cette nouvelle pour me parvenir, je ne doute point qu’elle ne soit exacte. Mouley Hassan jugeait insensé l’engagement pris par son fils avec Lella Meryem.

— Il faut quatre femmes à l’homme, disait-il un jour à mon mari, de même qu’il faut quatre jambes au cheval. C’est pourquoi le Coran nous a fixé ce nombre.