de Larfaoui reviennent à ma mémoire… Il n’est pas besoin que Kaddour confirme ce que, déjà, j’ai deviné…
— Ô Puissant ! s’écrie-t-il après avoir examiné la poudre que je lui tends, c’est du rahj[1], ce maléfice que l’on vendait au souk avant l’arrivée des Français !… Par le Prophète ! est-ce possible ? Ce fils de péché voulait vous empoisonner !
Saïd a pris un air tellement candide que je ne sais même pas s’il comprend l’action que ses sœurs ont voulu lui faire commettre… Mais que ne commettrait-il pour une orange ?
Kaddour est devenu bien jaune, et ses yeux noircissent à la limite des ténèbres. Sans un mot, il saisit l’enfant et lui, toujours indulgent à ses fautes, tendrement habile à leur trouver des excuses, il se met à le battre avec rage.
Saïd pousse d’épouvantables rugissements. Kaddour a la main si dure !
— Ô mon père ! crie l’enfant, ô mon père, secours-moi !… Je veux retourner chez toi ! Viens me prendre, ô mon père !… Ils veulent me tuer ! ô mon père !
Je parviens, toute tremblante, à arrêter Kaddour qui frémit.
— C’en est assez ! Emmène-le à son père !… Et qu’on ne le revoie jamais !… Ses sœurs, tu les conduiras au pacha. S’il plaît à Dieu, elles expie-
- ↑ Arsenic.