24 février.
— Avoue-le, Saïd, tu es retourné chez tes sœurs aujourd’hui.
— Ô ma mère, tue-moi si je les ai vues !
— Tu mens ! Kaddour vient de t’apercevoir sortant de chez elles.
— Par le Dieu Clément ! profère l’enfant, je n’ai pas même passé dans le vent de leur quartier !
— Et comment Kaddour t’y a-t-il reconnu ?
— Fais attention, ô ma mère, que Kaddour a pu se tromper. N’y a-t-il pas d’autres enfants de ma taille à Meknès ?
Saïd a le raisonnement subtil et prompt. Plus tard, s’il devenait un lettré, il excellerait aux discussions oiseuses et à la controverse.
— Prends garde surtout de ne point aller chez tes sœurs.
— Ô ma mère, ta parole est sur ma tête ! Comment irais-je puisque tu me l’as défendu ? Et puis, qu’ai-je à faire avec ces chiennes ? Se sont-elles souvenues de moi quand mon père m’a chassé ?
— Bien. Va jouer avec Rabha.
Saïd descend l’escalier en s’aidant de ses mains pour franchir les marches hautes. Il est encore si petit ! Puis il se dirige vers la cuisine.