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derrière les vieux murs en ruines

Yasmine est une fillette bien élevée. Elle n’ignore pas qu’il convient d’ajouter « hachek ! » après avoir nommé les choses et les animaux les plus vils, du bitume, du charbon, un âne, un chien, un Juif…

Quelques-uns poussent la décence plus loin encore.

— Une femme ! hachek ! ne manque pas de dire notre correct serviteur Hadj Messaoud, même lorsqu’il, s’adresse à moi.

Donc c’est un Juif, sauf mon respect ! Que veut ce Juif ? Il se présente, humble et noirâtre, fouille en sa vieille sacoche et me tend une bague ancienne ornée de rubis.

— Elle est à toi, me dit-il.

Je repousse le bijou, indignée, mais non surprise, car il est habituel de vouloir corrompre la femme du hakem.

— Pardonne-moi, insiste le Juif, elle t’appartient. Tu l’as achetée, il y a un an, au fils du rabbin qui est mon neveu. Je l’ai reconnue quand on a voulu me la vendre et c’est pourquoi je te la rapporte.

J’examine la bague. Ce Juif a raison. Quel voleur avisé l’a donc soustraite à nos collections, sans que je m’en aperçoive ?

— Un enfant, tout petit, me dit le Juif. Il me l’a proposée pour un guirch[1]. Lorsque je l’inter-

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