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derrière les vieux murs en ruines

hochant du turban. Et, comme les musiciens préludaient à nouveau sur les luths, Mouley Hassan se leva.

Sans doute, tenait-il à marquer ainsi qu’il était venu par condescendance, et non pour le plaisir de la musique.

— J’ai des esclaves, avait-il dit avec négligence, qui frappent du luth, du rbab, et du tambourin à la limite de la perfection ; et d’autres qui chantent tous nos vieux airs andalous ainsi que ceux du Caire, de Fès et d’Alger. Je n’épargnai rien pour leur éducation et les fis initier à Fès, dans l’art des instruments, par le maître Saouri…

Après son départ, les conversations devinrent plus familières. Les autres invités, riches négociants et possesseurs de cultures, se sentaient mieux entre eux.

— Mouley Hassan a omis de te parler du dernier sultan de Meknès, son cousin, nous dit aussitôt le tajer Ben Melih ; si Mouley Ismaïl a régné plus de cinquante ans, celui-là ne régna pas cinquante jours… Encore ne régnait-il que sur ses propres esclaves, car il n’osait quitter son palais. Il n’avait pas un soldat et le trésor était vide… Son vizir, Si Allal Doukkali, cet orgueilleux que tu connais, réunit une fois au Dar Maghzen tous les négociants de Meknès. Il leur fit part de cette détresse. Et nous, d’une seule voix, nous assurâmes ne pas avoir un liard pour donner à notre maître.

» Cependant je possédais mille sacs de sucre et