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derrière les vieux murs en ruines

finée, de paisibles entretien occupent l’esprit sans le lasser…

Lorsque Mouley Hassan parle, chacun l’écoute avec déférence. Il revient inlassablement à lui-même et aux siens.

— Certes, dit-il à mon mari, Mouley Ismaïl fut au Maroc l’unique sultan. Il se faisait appeler le diadème des princes… Plus de cent mille soldats nègres composaient ses armées ; d’innombrables ouvriers travaillaient à ses palais ou à des fortifications que des gens ont cru, depuis, être l’œuvre des djinns. Tous les pays berbères, contre lesquels les Français luttent à présent, lui étaient soumis. Et, pour les maintenir dans l'obéissance, il conçut dans sa vieillesse, après cinquante ans de règne, le projet de relier Meknès à Marrakech par des remparts ininterrompus.

« Les aveugles, disait-il, pourront se diriger à travers le pays, en suivant ces murs de leurs bâtons. » Il l’eût fait, si son destin n’avait été enfin écrit,

» Nous, les Ifraniin, poursuivit Mouley Hassan avec orgueil, sommes d’une autre lignée de Chorfa, plus proches du Prophète ; mais après deux siècles, en considération de Mouley Ismaïl, nous épousons encore ses descendantes. Le sang du grand sultan, que me transmirent ma mère et mes aïeules, était digne de s’allier à celui de mes ancêtres.

Nos compagnons, recueillis, approuvaient en