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derrière les vieux murs en ruines

triques. Ils savaient qu’aux sommets des plus merveilleuses collines, il faut des palais de marbre où l’on enferme les sultanes…

Qu’avons-nous fait de Grenade après eux ?

Qu’avons-nous su ?…

« Ô séparation des demeures de l’Andalousie
Donne-moi du répit ! »

Devant ce riadh frémissant de feuillages et d’esclaves, je sens la détresse de l’Alhambra, de ses cours désertes, mortes… Mais il ne sied pas d’attacher trop d’importance à la musique profane. Ces lamentations n’ont ému que moi, l’étrangère.

Nos compagnons, installés par petits groupes autour de la salle, écoutent, impassibles. Si Ahmed Jebli et deux ou trois de ses amis, originaires de Fès comme lui, et plus mélomanes que les Meknasis, battent la mesure de leur orteil.

Lorsque le chant se termine, sur une sorte d’invocation lancée par El Fathi, des négresses aux bras robustes apportent les plateaux, les aspersoirs, les brûle-parfums. Notre hôte dispose lui-même, sur les braises, des morceaux de bois odorant qu’il tire d’une cassette en argent.

Que la vie semble bien faite et suave en cette soirée ! Le thé à la citronnelle, les parfums, les chants, les belles draperies et les sofas moelleux contentent les sens, tandis qu’une musique raf-