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derrière les vieux murs en ruines


6 février.

« C’est entre lys, cassies, roses, odeurs suaves,
Chansons, amis tendres, boissons et musiciennes
Que l’âme s’épanouit dans la joie[1]… »

La voix du chanteur, pleine et sonore, alanguit notre indolence.

Étendus sur les sofas gonflés de laine souple, nous possédons tout ce qui enchante l’être délicieusement : la félicité du repos, la quiétude, l’ivresse engourdissante des parfums, et ce riadh irréel, bleu, glacé de lune, qui s’étend devant la belle salle où nous sommes réunis.

Jouissons de l’heure et de ses plaisirs ! Comme les peintures du plafond, la musique enlace mille arabesques plaisantes sur un thème simple. L’esprit s’amuse à en suivre les détours un instant, puis, lassé par cet effort, s’abandonne à sa béatitude…

Des esclaves au corps parfait passent dans l’allée miroitante, derrière les rames des bananiers. Les paons se sont perchés très haut dans les branches. Au sommet du jet d’eau, dansent les reflets de lune… Le jardin, plein de senteurs, dort, étrangement verdi par la froide lumière.

  1. Vieux chant maure andalou.