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derrière les vieux murs en ruines

— Qu’est-ce encore ?

— Cet homme, il demande l’argent.

— Comment l’argent ?… Quel argent ?

— Il dit : les cinq réaux qu’il a donnés hier au petit pour qu’il te parle de cette affaire.

… L’acquisition des beignets et des glands ne m’étonne plus, ni même la vénalité de Saïd qui trafique à présent de son influence !

Dès nos premières questions il se remet à pleurer pitoyablement ; des cris affreux couvrent nos reproches. Saïd paraît soumis à tous les tourments des djinns.

— Allons, Kaddour ! c’est clair. Le marchand a dit vrai. Rends-lui ses réaux, et conseille-lui de ne plus heurter à notre porte.

Saïd se tord et gémit. L’effroi contracte sa petite figure simiesque. Il est tout à fait affolé.

Le battre ?… À quoi cela servirait-il ? Aucune punition ne peut le corriger, il est mauvais jusqu’aux moelles… Et puis, aujourd’hui sa maladie n’est pas feinte. Demain il aura perdu le souvenir de sa faute.

Mon mari se contente de le menacer des plus épouvantables châtiments s’il reçoit, à nouveau, les cadeaux des gens.

— Ô mon père ! répète l’enfant tout contrit, obéissant à Dieu[1]… De ma vie je ne recommencerai !… Obéissant à Dieu ! Obéissant à Dieu !

  1. Formule de repentir.