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derrière les vieux murs en ruines

l’autre, frissonnantes comme des poules durant un orage…

Elles se précipitent vers moi, baisent le bas de ma jupe, mon épaule, mes mains.

— Nous nous mettons sous ta protection ! Ne nous abandonne pas ! implorent-elles.

— Sans doute, mais qu’y a-t-il ?

— Écoute ! disent-elles avec un visage de terreur. Les Aissaouas !…

Au delà de Bab Mansour, je perçois, en effet, la rumeur caractéristique, le rythme précipité du nom d’Allah…

Les Juives continuent leurs jérémiades :

— Nous n’osons passer, et voici que le moghreb approche !… Ah ! Seigneur ! Les Aïssaouas nous tueront certainement… ils égorgent et dépècent les Juifs qu’ils rencontrent, c’est leur coutume… Azar Tobi rentra l’autre jour, échappé de leurs mains, avec un visage en sang, et des vêtements tout déchirés !… Qu’allons-nous devenir ? Prends nous sous ta garde ! Auprès de toi, sans doute, ils n’oseront nous toucher.

Des larmes brillent dans les petits yeux desséchés de la sorcière, elles ruissellent sur les joues roses de sa fille. J’arrive péniblement à me libérer de leurs bras et je traverse Bab Mansour entre les tremblantes Juives.

À l’autre extrémité de la place El Hédim, un groupe d’Aïssaouas se livre aux pieuses contorsions d’usage. Ils sont loin et fort préoccupés de