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derrière les vieux murs en ruines

On les installe sur une estrade, autour de laquelle les femmes en toilette viennent s’accroupir. Il y a le fils aîné de Si Larbi, un grand garçon mince qui a peut-être douze ans, puis trois de ses cousins beaucoup plus jeunes, et enfin le minuscule négrillon Messaoud, enseveli dans l’ampleur de ses vêtements.

Il doit être bien étonné, le pauvre gosse, de se trouver ainsi paré ! Certes, il n’échappe à personne qu’il est un esclave, dont les caftans trop longs, le burnous défraîchi, furent prêtés pour la circonstance, alors que ses compagnons arborent fièrement leurs draperies neuves. Mais il domine l’assistance, il est assis sur des coussins, il n’a rien à faire et les femmes ont poussé des yous-yous à son apparition ! Ses yeux ronds s’écarquillent plus que d’habitude avec une naïve expression de stupeur.

À côte de lui, un bambin ne cesse de pleurer, affolé par la perspective de l’opération. Ses mains, agrippées à la robe de sa mère, la retiennent, près de lui, droite devant l’estrade, troublant ainsi l’ordonnance de la fête. Et le petit lève vers la jeune femme de pitoyables regards suppliants.

— Ô mon malheur ! gémit-il sans relâche. Ô mon malheur !

Les autres sont dignes, un peu émus sans doute au fond du cœur, mais ils s’étudient à rester impassibles et raides, ainsi qu’il convient. Quelques