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derrière les vieux murs en ruines

Ris et sois joyeux ! Chasse de ton cœur le souci !
L’assurance de la richesse
Mouley Abdelkader te la donne.
Et quand il l’a donnée
Il ne revient pas sur sa parole,
Notre Seigneur Dieu s’en est porté garant.

Moi je suis tien, Ô illustre !
Je n’ai d’autre recours que toi,
Accorde-moi ta protection, ne tarde pas !
Mouley Abdelkader,
Ô Sauveur des patrons de vaisseaux !
Galope ! Il te suffit pour cela d’un roseau.
Moi je suis tien, Ô illustre !

Et les assistants supplient en chœur :

Ô Mouley Abdelkader !
Ô Sidi Ben Aïssa !
Protecteurs des gens en péril !
Ô ceux par qui l’on ne craint pas !

L’imploration, peu à peu, se fait plus pressante, les musiciens martèlent avec rage leurs tambourins. Soudain, les sons stridents d’une flûte percent les notes ronronnantes et graves, et deux serpents, lancés à toute volée d’on ne sait où, s’abattent au milieu du cercle. L’homme les saisit par l’extrémité de la queue. Au bout de ses bras, les serpents tombent, allongés et minces, presque inertes. L’un a le ventre rosâtre, du rose délicat d’un pétale, l’autre le ventre couleur d’absinthe. Après quelques moments, ils se raniment ; un frissonnement coule tout du long de leur