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derrière les vieux murs en ruines

sanes et des rebelles en ces somptueuses barbares. Je lui laisse entrevoir des femmes très près d’elle, tout en étant si loin, très semblables, à part quelques différences de coutumes. — Des femmes adaptées à leur existence et qui n’en souffrent pas plus que nous, d’être clouées au sol, quand nous voyons passer des avions… Mais les apparences seules frappent son esprit ; elle a des étonnements excessifs pour les cérémonies de ces noces et ne fait pas de retour sur les nôtres. Elle n’en soupçonne point le sens profond. L’étrangeté du décor, le pittoresque de quelques détails suffisent à la dérouter…

Nos mariées, vêtues de blanc et couronnées d’oranger, qui s’avancent avec un traditionnel air pudique, sont pourtant les sœurs de cette aroussa « pleine de honte », chargée de bijoux et de voiles. L’étalage des cadeaux, accompagnés de la carte des donateurs, ne le cède en rien à leur présentation par la neggafa. La musique, les cierges, les parures, les festins forment le thème de nos fêtes aussi bien que de celle-ci… Vestiges des rites millénaires qui apparentent tous les humains et dont les symboles survivent incompris à travers les religions et les races. Ils m’apparaissent et m’émeuvent davantage au contact de ces curiosités superficielles.

Et soudain, j’ai la poignante impression d’être étrangère à toutes, dans cette fête. Si loin des Européennes qui ne peuvent comprendre les