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derrière les vieux murs en ruines

qu’elles disposent à l’entrée de la salle, devant le divan où nous sommes accroupies.

La Parisienne arbore un impertinent face-à-main, son œil furète à droite, à gauche, dans tous les coins. On dirait qu’elles regardent une comédie, Elles échangent leurs impressions à voix haute, sûres de n’être point comprises. Je me rends compte que cette Parisienne est une femme de lettres faisant un « voyage d’études ». À tout propos elle dit :

— Tel détail est caractéristique, je le signalerai à mes lecteurs… Quel spectacle curieux ! Voilà un beau sujet d’article.

Sa compagne remarque surtout nos toilettes.

C’est le soir de la suprême cérémonie, le départ de la mariée pour la maison nuptiale. Aussi l’excitation, les parures, les chants atteignent-ils le paroxysme de l’intensité. Toutes les invitées resplendissent à l’envi.

Combien ces Européennes élégantes, certainement habituées au monde, apparaissent mesquines et ternes avec leurs costumes tailleurs, leurs bottes lacées, leurs chapeaux inesthétiques ! Gauches aussi, parmi les femmes, chargées de brocarts et de bijoux, aux mouvements lents et rituels… Le cadre trop somptueux ne convient point à leur frêle beauté. La moindre négresse a plus d’allure que ces jolies dames, qui auraient beaucoup de succès dans un salon.

Elles me considèrent à présent ; je continue à