Page:Lens - Derrière les vieux murs en ruines, roman marocain, 1922.djvu/249

Cette page a été validée par deux contributeurs.
244
derrière les vieux murs en ruines

eux aussi, nous nous précipiterons, à la première éclaircie, chez les « blanchisseurs de terrasses » que toute la ville se disputera…

On en a vite assez de la pluie !…

Il fait froid, on grelotte dans ces immenses salles revêtues de mosaïques. Un vent glacial filtre sous les portes et les croisées mal jointes ; le riadh est transformé en un bassin au milieu duquel, imperturbable et fier, le jet d’eau, sans attrait, continue à s’élancer.

Privée de tous ses reflets, notre demeure prend un air lugubre de prison ; les ors, les faïences, les vitraux se sont éteints…

Il n’y a plus de soleil !… Toutes ces choses d’Orient ne vivent que de soleil. Elles n’ont été conçues que pour le soleil. Elles ne signifient rien sans soleil…

Sa première fureur apaisée, la pluie se fait régulière et monotone ; elle s’installe…

Les rues s’emplissent de boue. Il y a des flaques profondes où l’on s’enlise, des pentes que l’on ne saurait gravir sans glisser, des ruisseaux gluants épais et bruns…

Au pas de sa mule, un notable éclabousse les murs et les passants. Des négrillons barbotent avec ivresse, maculant leur peau de taches blanchâtres.

Les Marocains ont chaussé de hautes socques en bois qui pointent à l’avant du pied. Enveloppés de leur burnous de drap sombre, aux capuchons