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derrière les vieux murs en ruines

Toute la ville va s’occuper du méchant gamin, et je ne doute point qu’on ne le ramène ici. Qui donc, sauf nous, voudrait garder Saïd ?…

Pourtant la nuit s’avançait lorsqu’un Mokhazni du Pacha, tenant l’enfant endormi dans ses bras, vint heurter à notre porte.

— Il était sous l’auvent de la grande mosquée. Une femme qui avait entendu le crieur est venue me prévenir.

— Sur elle et sur toi, la bénédiction d’Allah ! Voici des réaux que vous partagerez.

Saïd, posé à terre et mal réveillé, ouvre des yeux hagards.

Il parle, parle, d’une bizarre petite voix haletante :

— « Mes sœurs m’ont dit : « Prends-leur des gâteaux, il y en a chez eux… prends-leur du sucre que tu nous apporteras, et du petit argent si tu en trouves… » Il y avait des hommes et des femmes. Nous nous sommes bien réjouis, nous avons bu et nous avons mangé… nous avons parfumé nos vêtements… Mes sœurs, ce ne sont que des p… de Sidi Nojjar, mais elles m’ont donné des bonbons.

— Ô méchant ! pourquoi t’es-tu sauvé de Kaddour ? Tes sœurs étaient donc à la fête ? Nous t’avions défendu de les voir jamais, tu le sais bien.

L’enfant rit sans répondre, puis il entonne une chanson obscène, vacille et tombe accroupi sur