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derrière les vieux murs en ruines

les sorties se font très rares… Celles qui voulurent, ainsi que les nôtres, prendre des allures de dames, se trouvent fort embarrassées le leurs voiles, sur cette place où l’on s’amuse.

Les marchands de sucreries, très entourés, se tiennent derrière leurs frêles étalages qui attirent les guêpes. Ils vendent des bonbons roses et blancs, des nougats empoussiérés, des pains de millet au miel, des beignets, des grenades et de jolies arbouses écarlates et veloutées.

La foule s’agite dans un brouillard doré, poussière et soleil.

Un immense grincement domine le tumulte des voix, acide, exaspérant, grincement de bois et de ferraille, grincement des roues, à sièges suspendus, qui tournent en hauteur, au moyen d’un mécanisme ingénieusement simple. Ces roues, — il y en a une quinzaine, — sont le plus couru des divertissements, et les amateurs attendent, avec impatience, leur tour de monter dans les grinçantes machines. Mais ceux qui déjà y sont accroupis, ne se rassasient point d’un tel plaisir et paient guirch sur guirch pour le prolonger. Ils jouissent aussi de se trouver en mire à tous les yeux, ils rient très haut et s’efforcent de faire tourner leurs sièges sur eux-mêmes, sens dessus dessous, tandis que la roue continue à les emporter, de son propre mouvement.

Parmi les tirailleurs et les jeunes hommes, trois belles sont montées dans une roue, et, font sen-