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derrière les vieux murs en ruines

6 novembre.

« L’Achoura vient. »… En cette attente, Meknès a pris son visage le plus riant ; toutes les préoccupations, toutes les querelles restent suspendues, rien ne pouvant égaler l’importance d’une fête qui se renouvelle, identique, chaque année.

Puissance des fêtes sur les enfants et les peuples simples qui leur ressemblent.

Nous ne savons plus en jouir comme eux. Qui nous rendra les liesses de jadis, pour Noël et pour Pâques ? Nos jours enfiévrés fuient d’une allure uniforme.

Mais ici, grâce à Dieu ! les fêtes gardent tout leur prestige. Saïd en parle abondamment. Il sait déjà prévoir le nombre de roues qui tourneront sur la place de Bab Berdaine.

— On dit, ô ma mère ; qu’il y en aura dix mille ! Combien plus que l’an dernier !…

Toujours, bien entendu, la fête qui vient surpassera les précédentes.

Depuis une semaine, Saïd a été presque sage. Il n’a point menti, ni volé, ni fait d’affreuses colères. Il mérite aujourd’hui de revêtir le selham de satin émeraude, dont le capuchon encadre sa face de ouistiti.