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derrière les vieux murs en ruines

— Qu’est cela ? Pourquoi nous as-tu dit que ton père était mort ?

— Allah l’ait en sa Miséricorde ! répond le gamin avec componction.

— Tu mens ! C’est Sellam le tourneur. Nous l’avons vu, tu le sais bien. C’est pourquoi tu n’as pas voulu venir avec nous chez les potiers.

— J’avais trop peur de lui, avoue Saïd. Il me battait, alors je me suis sauvé.

— Et ton maître, le tailleur de djellabas ?

— Il me battait aussi, affirme Saïd, l’air tellement innocent que nous le croyons presque, malgré ses premiers mensonges.

Et puis, qu’importe ?… Déjà nous n’avons plus d’illusions ! Nous voulons en avoir.


15 octobre.

Accroupi sur une natte, au milieu de ses pots remplis de couleur, Larfaoui Jenjoul, le maître Larfaoui, décore un coffre ciselé. Ses pinceaux en poils d’âne se hérissent comme de petits balais (c’est ainsi qu’il les nomme du reste), et l’on s’étonne qu’il trace des rinceaux si déliés, des courbes si parfaites, avec de tels instruments.

Larfaoui possède les belles traditions léguées