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derrière les vieux murs en ruines

Aucun raisonnement ne l’emporte sur cette affirmation. Tout à coup Saïd se sauve en hurlant.

— Allons ! dis-je à Kaddour, ramène-le à la maison. Cet enfant gâterait notre plaisir. Tant pis pour lui, il n’aura ni raisins, ni grenades.

Malgré sa gourmandise, Saïd ne proteste pas. Il s’éloigne avec Kaddour et l’inutile canari.

Des ânes, chargés de doum[1], encombrent le sentier, ils descendent vers l’étrange petite cité des potiers qui remplace les bourgades successivement détruites, alors que la ville ne s’accrochait pas à la colline et s’étalait dans la vallée. « En l’antiquité du temps, et le passé des âges », les premiers hommes se groupèrent en cet endroit, auprès des sources, et les grottes qui leur servaient d’abri subsistent encore, parmi les oliviers millénaires. Plus tard, lorsque les Roums[2] avancèrent dans le pays et construisirent Volubilis, un village berbère campait au bord de l’oued. Il fut remplacé par la florissante Meknès musulmane des premiers siècles de l’hégire, dont il ne reste que des murailles énormes et de cyclopéennes assises, enfouies au milieu des vergers.

« Là s’élevait un hammam, construit par Alfonso le converti. Et c’était un lieu de perdition pour les hommes et pour les femmes qui découvraient au bain leurs formes admirables.

» Par la permission d’Allah tout-puissant, la ruine est

  1. Feuilles des palmiers nains, qui servent à chauffer les fours.
  2. Romains.