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derrière les vieux murs en ruines

Des chiffons ?… un burnous oublié ?… Ô Prophète ! c’est un enfant, un minuscule petit garçon, qui dormait sur les mosaïques. Il se retourne en poussant un grognement plaintif et continue son sommeil.

Kaddour le soulève avec précaution. Ce grand diable de sauvage a les gestes délicats d’une mère pour manier le bambin.

— Je l’ai aperçu lorsque j’allais fermer la porte. C’est le Seigneur qui l’envoie ! S’il est orphelin, nous l’adopterons, dit-il.

L’enfant se réveille enfin. Il nous fixe de ses grands yeux en velours noir, étonnés et puérils.

— Qui es-tu ? Comment t’appelles-tu ?

— Saïd ben Allal.

Il a une voix frêle comme un oiseau.

— Où est ton père ?

— Il est mort.

— Et ta mère ?

— Elle est morte.

Kaddour rayonne et rit de toutes ses dents. Sans doute, Allah prit en pitié notre maison vide. Il nous avait bien envoyé, d’aussi étrange façon, Yasmine, Kenza et Rahba, mais ce ne sont que des filles… Louange à Dieu ! Voici un « célibataire » pour réjouir notre existence.

Le « célibataire » paraît avoir trois ans, quatre tout au plus, malgré son air d’enfant triste qui serre le cœur.

Combien il est sale et maigre !