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derrière les vieux murs en ruines

28 septembre.

Presque chaque jour des cris montent jusqu’à moi, aigres ou douloureux.

Ils viennent de chez nos pauvres voisins et me révèlent que la vilaine et noire petite mariée n’a pas trouvé de bonheur auprès de Mohammed le vannier.

Après la si décevante attente des noces, le charme fut rompu.

Grâce à Dieu ! une vieille s’avisa de dénouer une sebenia devant le mari ensorcelé, tout en prononçant d’efficaces paroles magiques. Et, le soir même, on sortit le siroual.

Cependant Mohammed ne chérit pas son épouse d’un grand amour.

Certes, elle ne reçut aucune grâce d’Allah… puis elle est criarde et querelleuse… Enfin il est naturel de battre une femme sans déférence pour les gens d’âge, et qui se dispute perpétuellement avec sa belle-mère. Mohammed n’excède pas ses droits.

Moi, je songe que la petite mariée n’a peut-être pas quinze ans, et que sa belle-mère est une vieille, calamiteuse entre les plus calamiteuses des vieilles… or elle habite la masure et, sans répit, elle harcèle sa bru.