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derrière les vieux murs en ruines


27 août.

Montons aux terrasses ! La chaleur est trop écrasante, on se sent asphyxier en l’étuve des pièces. Là-haut, tout au moins, nous aurons de l’air, nous respirerons !…

Les montagnes découpent brutalement leurs silhouettes arides ; les troupeaux dévalent des collines jaunes et pelées ; une odeur poussiéreuse, desséchante et chaude arrive dans le vent qui passa sur tant de déserts et de rocs ardents… Il n’y a plus d’herbe, plus de verdure, plus de couleurs. Tout se confond en une seule teinte monotone, — la teinte du bled, — les arbres, les maisons, les moutons, les chameaux, les bédouins et le ciel, pareillement fauves, implacablement fauves !

Morne pays d’Afrique, plus immense en sa désolation d’été, plus grandiose et plus vrai que sous l’enchantement fleuri du printemps !

Âpre jouissance d’être enveloppée dans l’haleine brûlante du Chergui, de sentir ce goût de sable qui craque entre les dents. Volupté de la chaleur en un tel décor !

…L’horizon s’obscurcit, se fait plus dense et menaçant ; les figuiers, tordus sous la rafale, disparaissent avec le coteau ; les montagnes s’effacent,