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derrière les vieux murs en ruines

ses pieds, sans même qu’il s’en aperçoive. Mais le pieux serviteur a l’œil…

Une femme recueille, sur un linge, le filet de salive qui s’écoule entre les lèvres de Mouley Ahmed et s’en frotte religieusement le visage. Une autre, prosternée devant le marabout, marmotte des oraisons. Je préfère suivre cet exemple, et, lorsque arrive mon tour d’aborder le saint homme, je m’accroupis et m’incline, en murmurant, au nom de Lella Oum Keltoum, les paroles qu’elle me fit apprendre :

« Allah, Il n’y a d’autre Dieu que lui ! Le Vivant, L’Immuable !

» Ni l’assoupissement, ni le sommeil ne peuvent rien sur lui.

» Tout de la terre et des Cieux Lui appartient. »

» Qui peut intercéder auprès de Lui sans sa permission ?

» Les hommes n’embrassent de sa science que ce qu’Il a voulu leur apprendre. Il sait ce qui est devant et derrière eux.

» Son siège s’étend sur les deux et sur la terre, il n’a aucune peine à le garder.

» II est le Très-Haut, le Sublime[1].

» Ô Dieu, Ô Clément, Ô Protecteur ! par ta grâce et par l’intervention de ton serviteur Mouley Ahmed, délivre-moi de mes ennemis, de ceux qui veulent ma perte.

» Délivre-moi de l’esclave au cœur plus noir que le visage,

  1. Coran. Verset du trône.