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derrière les vieux murs en ruines


25 août.

Accablée, trébuchante|trébuchante, je suis Kaddour à la distance respectueuse qui convient… Car, aujourd’hui, Kaddour est un Marocain, accompagné de cet être méprisable, qu’il ne regarde même pas, une femme du peuple.

Ainsi que les riches Musulmanes, — pour me rendre aux fêtes, la nuit, mystérieusement, — j’ai pris l’habitude des fins cachemires, des djellabas légères, des mules aux très confortables selles cramoisies et aux larges étriers d’argent. En sorte que, — transformée en femme de bien petite condition, circulant sans honte au milieu du jour, — j’étouffe dans l’enveloppement pesant et chaud d’un haïk en laine rude.

Je vois à peine clair pour me diriger, par l’étroite fente des linges qui s’enroulent à mon visage ; mes babouches déformées butent contre les cailloux… les poulets que je tiens gauchement, à travers l’étoffe des draperies, augmentent encore mon malaise. Ils s’agitent, battent des ailes… ils vont s’échapper. Kaddour, indifférent, continue son chemin.

Découragée, je maudis Lella Oum Keltoum qui eut l’idée fâcheuse de m’envoyer ainsi porter son