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derrière les vieux murs en ruines

8 août.

Jour de lamentations, jour de deuil.

Les Juifs pleurent la chute de Jérusalem, où ils étaient rois, heureux et fiers…

Simouel Atia, le bijoutier, me presse de le suivre dans sa petite ville aux murailles bleues. Il me promet le spectacle d’un peuple désespéré.

— Depuis hier, me dit-il, nos demeures ont été dépouillées de leurs tapis, car un sol nu convient à ceux qui gémissent dans la douleur…

Aussitôt franchie la porte du Mellah, nous tombons en pleine cohue. On se pousse, on s’écrase, on se dispute. Il y a des cris, des rires, un familier tintement de monnaie ; les gamins blêmes se faufilent entre les groupes, chacun tient un jouet ou un gâteau. La foule se fait plus dense autour des marchands accroupis à terre, derrière leurs étalages. Ils vendent des courges, des melons, des pastèques ouvertes à la chair juteuse, des concombres tortillés et raides. D’autres ont un petit bazar européen, où les femmes trouvent des colliers en perles dorées, des miroirs, des peignes, des savons au musc. Mais il y a surtout des confiseries splendidement garnies : les meringues s’empilent, savoureuses et légères, à côté des