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derrière les vieux murs en ruines

— Pourquoi rougirais-je ? Je vaux mieux que toi. Les gens me connaissent et la tribu témoignera.

— Qui es-tu ? Homme vivant au crochet des femmes ! Serviteur de p… ! qui rassemble les babouches de tes maîtresses !

— Ô Dieu ! Écoute-le ! Lui qui a prostitué sa mère à un Juif !

— Fils de brigand !

— Fils de voleur ! Fils de coupeur de routes !…

… L’éclair d’un poignard zigzague dans l’air, un peu de sang macule un burnous. Les cris sont devenus de rauques hurlements, une mêlée générale met aux prises tous les passants.

Qu’y a-t-il ?… Pourquoi cette tragique querelle ?

C’est que El Ghali, le forgeron, a pris un peu d’eau à la cruche de son voisin pour en arroser un pot de basilic…

La troupe des énergumènes s’éloigne en vociférant. Et le Pacha va faire donner cent coups de bâton à tous les combattants qui n’auront pas glissé quelques douros entre les doigts de ses mokhaznis…

La rue retombe dans sa torpeur silencieuse et chaude.

J’entre chez Si Larbi el Mekki à qui je dois remettre un message.

Le soleil flambe sur les mosaïques de la cour, l’ombre des arcades descend à peine, toute courte et cassée, au bas de la muraille. Derrière les ten-