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derrière les vieux murs en ruines

ce seront des jours si cruels et trop longs en cette saison d’été, où, depuis la naissance de l’aube jusqu’à l’agonie dorée du moghreb, toutes les abstinences mortifieront les serviteurs d’Allah : abstinence de nourriture, de boisson, de tabac, abstinence d’amour… Mais ils débutent par une fête.

Chacun s’affaire pour le premier repas nocturne, et, bien qu’il fût prévu depuis longtemps et même préparé, la foule se presse autour des marchands. Une odeur de friture domine tous les relents des souks, les saucisses rissolent, les beignets s’entassent ; les petites lampes à huile, allumées au fond des échoppes, révèlent l’amoncellement des victuailles. De bons bourgeois, dignes et blancs, promènent les melons et les figues précoces qu’ils viennent d’acheter.

Voici les nuits sans sommeil, les souffrances du jeûne, l’épuisement, la soif torturante… Nul n’y songe,

La brûlante harira fume dans toutes les demeures.

Gloire à Dieu ! Monseigneur Ramadan est arrivé !