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derrière les vieux murs en ruines

les vêtements d’Isthir. Elles offrent aussi du lait, symbole d’abondance et de pureté. La mariée n’y touche pas, mais ses suivants se garderaient de manquer pareille aubaine. Ils vident au passage tous les verres. Celui dans lequel Isthir trempe ses lèvres, en arrivant chez l’époux, est aussitôt brisé à ses pieds.

Le rabbin Tôbi s’approche alors de sa fille. Il la prend dans ses bras et la porte, au fond de la chambre nuptiale, sur le grand lit voilé de dentelles, où elle doit attendre jusqu’au moghreb, tandis que les invités festoieront.

Déjà, les tables sont prêtes, on se verse à la ronde d’abondantes rasades de mahia[1].

Ce soir, chacun s’en ira fort ivre, et l’époux s’approchera d’Isthir en titubant.


26 juin.

Accablement d’une nuit chaude… insomnie !

Inquiet, mal éveillé, l’esprit erre dans les ténèbres. L’oreille attentive écoute… elle néglige les sons familiers qui tissent la trame de la nuit, tintement monotone de l’eau, chants répercutés des coqs, pour capter d’imperceptibles bruits.

  1. Eau-de-vie de figues.