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derrière les vieux murs en ruines

est bienséant de ne point s’attarder, et, agitant son chasse-mouches avec impatience, il se mit à invectiver contre les esclaves :

— Aicheta !… Mbilika !… ô pécheresses, qu’attendez-vous ?… Apportez les rafraîchissements et les pâtisseries !… Je veux, continua-t-il en se tournant vers nous, que vous jugiez cette eau de violettes… En dehors de ma maison, nul ne sait la préparer… Voici des fruits confits dans un sirop de miel à la rose, et des pâtes d’amandes parfumées au safran, à la cannelle, à la menthe. Ma grand’mère en tint la recette d’une esclave turque fort habile… Sans doute n’avez-vous jamais goûté ces gâteaux si délicieux ? J’en fais venir spécialement les pistaches par des pèlerins… Ils n’ont pas leurs pareils en délicatesse…


24 juin.

Dès l’aube, le rabbin Tôbi Ben Kiram me fait chercher pour le mariage de sa fille.

Au contraire des nocturnes noces musulmanes, celles des Juifs sont très matinales.

Le Mellah s’éveille dans la fraîche lumière ; les étaux de bouchers encore fermés, les rues désertes, lui donnent un air plus avenant. Un vent pur balaye tous ses miasmes.