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derrière les vieux murs en ruines

qui courait derrière nos montures, nous fait enfin tourner sur la droite, et nous pénétrons dans une de ces casbahs qui entourent les palais en ruines.

Fruste petit village, aux masures couvertes de chaume, rappelant celles de France, malgré les haies de cactus. Tout y est paysan et familier. Des poules errent à travers les chemins, des enfants presque nus se roulent dans la poussière, et les femmes, de fière allure en leurs haillons drapés, s’en vont, le visage libre, selon la coutume des bédouines.

Au-dessus des murettes en terre, on aperçoit le sommet des arbres, dont la luxuriance s’exagère par le contraste des environs secs et roussis. Toutes les arsas ont des portes en misérables planches mal équarries. Celle de Mouley Hassan ne diffère pas des autres. Après une longue attente, un gardien claudicant se décide à nous l’ouvrir.

Surprise toujours nouvelle des choses qui se dissimulent derrière la pauvreté des murs !

Un immense jardin s’épanouit, embaume et flambe, de toutes ses roses, de toutes les fleurs de ses grenadiers et de ses jasmins. Il semblerait à l’abandon, si la fraîcheur des feuillages et l’âpre parfum des menthes n’y révélaient la présence de l’eau. Sous les arbres fruitiers poussent des fèves, des courges, des tomates, des pastèques et des plantes aromatiques pour le thé.