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derrière les vieux murs en ruines

Et toujours le claquement formidable des crotales !

… Du groupe des femmes, une masse énorme s’est détachée, un amas de draperies rampant sur les mosaïques, la maallema, la prêtresse !

Elle arrive en poussant des gémissements, jusqu’au groupe des danseurs, vautrée, frémissante, face contre terre. Sa tête s’agite convulsivement au ras du sol. Elle semble implorer l’orchestre, elle souffre d’un mal torturant. Le djinn s’empare d’elle…

En hâte, on la dépouille de sa djellaba, on encense ses vêtements, ses pieds et ses mains, on cherche à la maintenir tandis qu’elle se tord. Tout à coup, avec un hurlement, elle se dresse et se met à danser.

Une étonnante flexibilité ploie son corps épais, le mouvementé de tressaillements, torsions d’épaules, déhanchements. Autour d’elle, les danseurs s’excitent, les musiciens hors d’eux-mêmes expriment une poignante douleur. Cela dure longtemps ainsi, toujours plus vite, toujours plus fort…

Et subitement, le paroxysme de cette frénésie sombre dans le psaume calme et grave, l’imploration religieuse :

Ô Dieu ! Ô Dieu ! Ô Prophète de Dieu !
Le Salut sur Toi, ô Mohammed ! ô Prophète de Dieu !
Par Allah ! nous prions sur Toi ! ô Prophète de Dieu !