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derrière les vieux murs en ruines

Zeïneb, qui se presse, amoureux, vers la petite maison pleine de canaris…


19 mai.

J’ai rencontré Si Ahmed Jebli, le riche marchand d’étoffes, le rassasié, le généreux. Il me dit d’un air d’allégresse :

— Allah t’a mise sur mon chemin, j’allais à ta recherche. Ma maison est dans la joie depuis la guérison de Si Abd el Aziz. Elle te prie de venir ce soir, car je donne une nuit de Gnaoua[1], pour satisfaire au vœu dont je me liai, lorsque mon fils fut atteint par la petite vérole.

— Sur ma tête et mes yeux ! répondis-je.

C’est pourquoi, mystérieuse, voilée, je me rendis à mule chez Si Ahmed Jebli, dès que les ténèbres eurent enveloppé le monde.

J’avais revêtu un caftan de satin abricot et une tfina de légère mousseline jaune. Je ne portais qu’un seul bijou au milieu du front. L’élégante discrétion de ma toilette obtint les compliments de toutes ces dames. Elles aussi avaient soigné leurs parures, qui n’atteignaient point cependant la somptueuse magnificence réservée aux noces.

  1. Guinéens. Nègres originaires de Guinée qui forment une sorte de confrérie.