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derrière les vieux murs en ruines

que les olives confites durant des années dans le jus de citron… Et, s’ils se chamaillent sans cesse, ils ne manquent jamais de se réconcilier, car ils s’exècrent en s’adorant et ne sauraient se passer l’un de l’autre.

Kaddour a, sans doute, battu Zeïneb. Elle, certainement, a mérité la correction… Qu’ai-je à faire en tout ceci ? Mais une phrase de Mina me surprend… Ô Allah ! est-ce croyable ?… Zeïneb serait au Moristane ? Zeïneb la citadine bien élevée, enfermée avec les voleuses, les filles publiques et les fous !

Quelle faute a-t-elle commise pour s’attirer pareil châtiment, pour affoler son époux au point de lui faire oublier toute décence conjugale ?

À travers les discours de Mina, je démêle le motif de la dispute : une revendeuse ayant apporté un collier d’occasion, Zeïneb fut prise d’une irrésistible envie de le posséder, et Kaddour, toujours sans le sou, le lui refusa.

— Soit, dis-je à Mina. Et ensuite, que s’est-il passé ? Ta sœur est fort amère, quant à la langue. Elle ne ménage point les injures. Ou bien, a-t-elle griffé son mari ?

— Par Mouley Yakpub ! il faut lui pardonner… sa tête était troublée, elle ne savait plus ce qu’elle faisait…

— Quoi encore ? qu’a-t-elle fait ?

— C’est le démon qui l’inspira…

La jeune fille reconnaît les torts de Zeïneb et