— C’est la première fois que tu viens à Meknès ? Que t’en semble ?
— Je n’ai rien aperçu dans les ténèbres, mais il ne me reste plus quoi que ce soit à admirer, puisque j’ai vu ta maison.
— Elle est belle, et semble méprisable à qui n’en sort jamais…
— Le regretterais-tu ?
— Certes, je refuserais de franchir la porte si on me le proposait !… Telle est notre coutume, — et nous, gens du Maghzen, devons la suivre plus strictement que les autres. Mais je pense parfois qu’il y a des rues, des souks, des arsas[1], des montagnes… et je ne connais que ces murs…
— Ils sont d’une splendeur sans égale, et tu possèdes un riadh plein de verdure pour rafraîchir tes yeux…
— Louange à Dieu !… Je te montrerai toute la maison lorsque les hommes en seront partis. Mais ce soir tu sembles fatiguée, ô ma fille, et, malgré la joie que me donne ta compagnie, je ne veux pas, après ce long voyage, t’empêcher de prendre du repos.
— Dieu te bénisse, ô Lella ! tu n’as pas « raccourci[2] » avec moi.