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derrière les vieux murs en ruines

Thami murmure des choses dont je ne perçois que la douceur.

Le cœur serré, je me retire, et, tout le jour, comme une hantise, j’entends la voix si tendre du pauvre homme, implorant l’épouse qui ne répond plus…


4 mai.

Zohor est entrée dans la Miséricorde d’Allah.

Elle passa douce et terne en ce monde, et ne lui témoigna que de l’indifférence. Elle tenait peu de place et faisait peu de bruit.

Pourtant ses parentes assemblées poussent de grands cris pour déplorer sa mort. On s’étonne que la discrète Zohor provoque une si bruyante douleur. Les exclamations s’élèvent parmi les sanglots :

— Ô ma maîtresse ! ô mon pain ! gémit l’esclave.

— Ô ma mère, tu m’abandonnes ! s’écrie une fillette avec conviction.

— Ô ma sœur, pourquoi me laisses-tu ?

— Quelle souffrance tu causes à mon cœur !

— Qui t’a détournée de nous, ô chérie ?

— Montre-moi le chasseur, celui qui donne la mort.

— Ô joie de la maison, où t’es-tu enfuie ?