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derrière les vieux murs en ruines

Cette fois le ménage est en paix. Grâce à Dieu ! les dix réaux ont eu cet heureux effet.

— Zeîneb, montre-moi ton beau caftan « courge ».

Elle rit.

— Je ne l’ai pas acheté. Qu’ai-je à faire d’un caftan ? Le mien durera, s’il plaît à Dieu, jusqu’à la fête prochaine… Regarde ces bracelets. Combien ils sont lourds ! Le Juif les vend quarante réaux, je lui en ai versé dix et il patientera pour le reste.


2 mai.

Aujourd’hui, chez le notaire Si Thami, j’ai trouvé l’apathique Zohor toute rouge et secouée de fièvre.

Elle est étendue sur un matelas, au fond de la chambre. Des couvertures l’enveloppent, recouvrant même sa tête. Il en sort parfois un gémissement étouffé… Depuis trois jours elle n’a plus son entendement.

Aussi la vieille Dada prend-elle soin de tenir la pièce close et sans air. Deux cierges de cire, brûlant dans les chandeliers, donnent à cette nuit factice une allure mortuaire.

Quelques femmes, des parentes, causent à voix