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derrière les vieux murs en ruines

Je me lève et prononce, par politesse, quelques formules de départ, auxquelles on répond à peine.

Mais, dans le mouvement que j’ai fait en me rapprochant du groupe, j’aperçois le pied de la silencieuse et pudique forme voilée, qui se recule un peu plus dans l’ombre.

Et c’est un large pied, robuste, aux phalanges embroussaillées de poils !…


27 avril.

Dès le matin, le soleil pénètre à travers les fentes des volets et ces quelques rayons suffisent à ranimer tous les ors, toutes les couleurs, toutes les harmonies, assoupis dans l’ombre. Mais la splendeur des boiseries peintes me trouve indifférente, en ces jours de printemps étincelant et passionné.

Il y a trop d’azur dehors et trop d’allégresse pour rester enfermée, même en un palais. Les arbres du riadh étouffent entre les murs, mes amies musulmanes souffrent d’un malaise qu’elles ne raisonnent point… Elles voient un ciel plus bleu dans l’encadrement des tuiles, au-dessus de leurs patios, elles respirent un air plus vibrant. Le vent leur apporte l’âme forte, amère et