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derrière les vieux murs en ruines

tures ne se racontent qu’après avoir dit : « Hachek ! » (Sauf ton respect !)

Elle a dépassé les limites du célibat. Sachant trop bien qu’aucun Meknasi ne consentirait à devenir son gendre, Si Ben Melih fit pressentir un caïd du Zerhoun, en lui offrant, avec la fille, des troupeaux de moutons, des oliveraies et des sacs de réaux. Malgré l’appât, le montagnard déclina, lui aussi, l’opulente alliance.

Il eût peut-être passé sur la réputation de Halima, mais il craignit de corrompre à jamais son harem, en y introduisant une femme sortie de celui du marchand. Par une fatalité, la vierge la plus pudique et la mieux gardée devient une fille de péché dès qu’elle pénètre chez Si Ben Melih ! Et les répudiations, la bâtonnade, les châtiments variés, pas plus que les verrous, ne sauraient empêcher les débordements de toutes ces perverses.

Las de surveiller, de sévir et de frapper en vain, Si Ben Melih se résigne à ne plus voir, à ne plus entendre,… il voyage. Sans doute, n’a-t-il d’espérance qu’en les compagnes dont, au paradis, le Rétributeur dédommagera ses infortunes terrestres :

« De bonnes et belles femmes,
Des femmes vierges aux grands yeux noirs, bien enfermées dans des pavillons,
Et que jamais homme ni génie n’a touchées[1]… »

  1. Coran.