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derrière les vieux murs en ruines

une esclave, qui la remmène une fois l’entretien terminé…

Nous accueillîmes ce récit par des exclamations et des compliments. Et nous nous dilations intérieurement, en songeant que, si l’on en venait aux anecdotes de harem, il y aurait fort à rire avec celles qui circulent sur la maison de notre hôte… Ainsi nous devisions en l’attente du repas.

Pendant ce temps, les esclaves avaient encore aligné quelques plats devant nous, et Mahjouba la négresse passait l’aiguière aux ablutions.

On servit d’abord la pastilla, sorte de galette croustillante, feuilletée, toute farcie de pigeonneaux, saupoudrée de cannelle et de sucre. Puis un agneau rôti dont le ventre recelait un succulent couscous. Ensuite vinrent d’innombrables poulets diversement assaisonnés ; des tajines de mouton aux olives, aux jeunes courgettes, aux fonds d’artichauts, au fenouil, aux fèves tendres et vertes, aux aubergines, aux pommes précoces, à tout ce que le Seigneur fit pousser d’excellent à travers le bled et les jardins. Entre les plats, des hors-d’œuvre couvraient la mida pour exciter nos appétits ; mais, malgré l’extrême acidité des citrons au vinaigre, des piments rouges et des poivrons confits, nous regardâmes défiler les derniers mets d’un œil morne et sans désir.

Et nous répondions avec accablement aux insistances de Si Ben Melih :

— Pardonne-nous !… Grâce à Dieu, nous