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derrière les vieux murs en ruines

Nous nous taisons… cela ne fait rien, il n’est pas nécessaire de parler quand on n’a rien à dire. Il suffit d’être là pour honorer l’amie et jouir de sa présence. Zohor allaite son dernier né avec une sereine bestialité. De temps à autre elle répète, indifférente :

— Il n’y a pas de mal sur toi ?

… Quel est ton état ?

Et puis nous nous taisons encore…

La nuit tombe, les notaires se séparent sans avoir terminé la discussion… chacun s’en va, son petit tapis rouge bien plié sous un bras. La ruelle silencieuse s’émeut à peine de leurs pas discrets.


23 avril.

Quatorze plats coiffés de leurs couvercles coniques, en paille tressée ou en poterie, s’alignent devant la salle où le tajer Ben Melih a réuni ses hôtes.

Il se plaît, quand il reçoit, à étaler une excessive magnificence.

Nous ne sommes que cinq, et les esclaves ont disposé auprès de nous une dizaine de mrechs d’argent, lourdement ciselés, pleins d’eau de rose ; des brûle-parfums dont les effluves estom-